Cette offre d'emploi est faite pour vous, vous le savez. Et vous avez presque le CV idéal. Il vous manque à peine un ou deux ans d'expérience, ou juste une année d'étude en plus. Vous vous dites que vous pourriez peut-être, disons... tricher un peu ? « Arrondir » à un an ce CDD de 2 mois ? Transformer ce stage en CDD ? Ajouter ni vu ni connu un diplôme de langue (après tout, vous avez le bien le niveau B2 en anglais, et quel recruteur vous demandera de le présenter) ? Ou changer un bac +3 en bac +4… 

Du plus gros mensonge à la moindre exagération, « gonfler » son CV est une pratique largement répandue, puisque 70 % des chercheurs d'emploi avouent l'avoir déjà fait, comme le révèle une enquête récente. Cela n'a d'ailleurs rien d'étonnant, car le marché de l'emploi est si compétitif que même les candidats les plus honnêtes se disent qu'ils ne risquent pas grand-chose en enjolivant un peu leur CV.

Mais… ne risque-t-on vraiment rien ? Quelles peuvent être les conséquences de ses petites et grandes supercheries sur le plan professionnel ? Voire sur le plan légal ?  

Pour le savoir, poursuivez votre lecture et découvrez les conséquences auxquelles vous vous exposez en mentant dans votre CV, mais aussi les autres stratégies à adopter pour étoffer votre CV.

Mentir sur son CV est-il un délit ?

Que dit la loi ? Selon l'article L.1221-6 du Code du travail, « les informations demandées, sous quelque forme que ce soit, au candidat à un emploi ne peuvent avoir comme finalité que d'apprécier sa capacité à occuper l'emploi proposé ou ses aptitudes professionnelles. Ces informations doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l'emploi proposé ou avec l'évaluation des aptitudes professionnelles. » Dans ce même article, le Code du travail stipule que l'employeur doit être consciencieux et bien se renseigner sur les qualités professionnelles du salarié, et que « le candidat est tenu de répondre de bonne foi à ces demandes d'informations ».

Vous en conviendrez, c'est assez flou. Et la bonne foi est assez difficile à prouver.

En réalité, en cas de litige, lorsqu'un employeur attaque en justice un employé pour avoir menti sur son CV, c'est plutôt la jurisprudence qui tranche, en se basant sur la notion de « dol » (article 1116 du Code civil), c'est-à-dire sur « les agissements trompeurs ayant entraîné le consentement qu'une des parties à un contrat n'aurait pas donné si elle n'avait pas été l'objet de ces manœuvres. » 

Or, il y a dol seulement si le candidat a menti sur une information déterminante aux yeux du recruteur, ayant conduit à son embauche. Par exemple, si un candidat prétend avoir travaillé deux ans dans une entreprise qui ne l'a employé que 3 mois, il n'y a pas dol dans la mesure où la durée du contrat ne peut pas être considérée comme une information déterminante. En revanche, si une personne a été embauchée comme chauffeur-livreur en prétendant à tort avoir le permis poids lourd, elle a commis un dol, car cette information a conditionné son recrutement. 

Le cas des professions réglementées

Certaines professions, dites réglementées, exigent un diplôme pour être exercées, parmi lesquelles avocat, médecin, pilote d'avion ou encore architecte. Prétendre exercer l'une de ces professions sans qualification est un grave délit, qui expose le fraudeur à des sanctions pénales pour exercice illégal d'activité et usage de faux. 

Quels sont les mensonges les plus courants ?

Voici une petite sélection des mensonges les plus fréquents, et le détail des risques qu'ils vous font courir :

1. Mentir sur ses diplômes

Attention, point délicat. Si un candidat ment sur ses diplômes et est recruté sans que l'employeur n'ait vérifié au préalable l'authenticité de ses diplômes, ce dernier ne peut ni licencier la personne, ni obtenir la nullité du contrat de travail. En effet, depuis la loi Aubry de 1992, c'est à l'employeur qu'appartiennent le droit et le devoir de vérifier les informations présentées par le candidat dans son CV. C'est donc à l'employeur de s'assurer, dès l'embauche, que la personne qui postule dispose des qualifications requises. Néanmoins, inutile de dire que si une telle supercherie est découverte après le recrutement, la relation de confiance entre l'employé et l'employeur sera définitivement rompue.

2. Présenter un faux diplôme

Si mentir sur ses diplômes dans un CV est plus immoral qu'illégal, produire de faux diplômes est en revanche très risqué. Pénalement, ce délit est caractérisé comme un délit de faux et peut être puni au titre de l'article 441-1 du Code pénal, qui prévoit une peine d'emprisonnement de trois années ainsi qu'une amende de 45 000 euros. 

3. Mentir sur son expérience professionnelle

Il s'agit d'un mensonge assez fréquent, qui peut prendre toutes sortes de proportions, des plus légères aux plus lourdes de conséquences. Généralement, le candidat va s'inventer un CDD, transformer un stage en emploi, voire modifier un peu l'intitulé d'un poste précédemment occupé pour qu'il corresponde mieux à celui de l'offre d'emploi. Ce type de manœuvre n'est pas réellement risquée sur le plan pénal, à moins que l'expérience en question soit précisément celle qui a déterminé le recrutement du candidat, auquel cas il s'agit d'un dol (voir plus haut). 

De plus, si jamais le recruteur vous démasque avant de vous embaucher (en contrôlant vos références, en contactant votre soi-disant ancien employeur, ou en vous posant des questions très pointues lors de l'entretien), vous serez non seulement disqualifié·e de la sélection, mais aussi certainement « grillé·e » auprès de cette entreprise pour toute autre future candidature. 

Remarque : n'oubliez pas non plus que les responsables des ressources humaines peuvent communiquer entre eux et faire circuler votre nom, entaché d'une mauvaise réputation impossible à blanchir.

4. Changer les dates

Pour masquer un « trou » ou « gonfler » une expérience, il n'est pas rare que les candidats trichent avec les dates. 

Par exemple, si vous avez été programmeur de septembre 2019 à juillet 2022, puis cadre en développement de décembre 2022 à aujourd'hui, vous avez connu une période d'inactivité de 5 mois, que vous pouvez facilement masquer en écrivant :

2022-présent : cadre en développement

2019-2022 : développeur

Ensuite, libre à vous de parler de cette période d'inactivité ou non lors de l'entretien, mais cette pratique n'a rien de vraiment répréhensible.

5. Mentir sur son âge

Rien ne vous oblige à indiquer votre âge sur votre CV, car il s'agit d'un facteur de discrimination à l'embauche. Mieux vaut ne pas le mentionner plutôt que de mentir. Pourtant, certains candidats préfèrent se rajeunir de quelques années pour ne pas tomber dans la case « senior », ou au contraire se vieillir un peu pour paraître plus expérimentés. Ce subterfuge ne peut pas faire long feu, car dès qu'il est nécessaire de présenter une quelconque pièce d'identité, la vérité éclate au grand jour.

La même règle s'applique au lieu de résidence, à la nationalité, à la situation familiale ou un éventuel handicap. Tous ces éléments sont potentiellement discriminants, et n'ont pas à figurer dans votre CV si vous ne le souhaitez pas. Encore une fois, mieux vaut s'abstenir que risquer le flagrant délit de mensonge.

Comment « gonfler » son CV… sans mentir ?

La bonne nouvelle, c'est qu'un CV de longueur idéale tient sur une page. Et qu'une page, c'est exactement ce qu'il vous faut pour mettre en valeur :

  • Vos savoir-être et compétences comportementales, aussi souvent appelées soft skills

  • Votre engagement associatif et vos expériences de bénévolat

  • Vos accomplissements sportifs

  • Vos aptitudes et vos qualités

Si vous manquez d'inspiration, cet article vous fournira de nombreuses stratégies gagnantes pour étoffer votre CV.

 »Mentir sur son CV : quels sont les risques » : conclusion et points essentiels

Vous l'avez compris, mentir sur son CV est rarement une bonne idée. 

S'il s'agit de masquer une courte période d'inactivité ou de mentir par omission, par exemple en choisissant de ne pas mentionner des éléments potentiellement discriminatoires, tels que l'âge, le lieu de résidence ou la nationalité, c'est de bonne guerre et vous ne risquez (probablement) rien.

En revanche, mentir sur ses expériences professionnelles ou ses diplômes (ou pire, les falsifier) est beaucoup plus risqué, pas forcément sur le plan légal, mais en termes de confiance, de crédibilité et de réputation.

Demandez-vous si vous voulez vraiment vous lancer dans une nouvelle expérience professionnelle en craignant sans cesse que votre petit arrangement avec la vérité soit révélé au grand jour. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? 

Cet article vous a également orienté·e vers d'autres stratégies beaucoup plus sûres (et plus honnêtes !) afin d'étoffer votre curriculum vitae : inclure vos soft skills, vos expériences de bénévolat ou vos accomplissements personnels, sportifs, culturels ou autres.

Si vous doutez encore de la qualité de votre CV ou si vous pensez avoir besoin d'autres conseils ou d'une évaluation gratuite et confidentielle de votre CV, n'hésitez pas à faire appel à nos experts !

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